Grégory Chauchat: accordéoniste talentueux et audacieux

Qui a dit que l'accordéon était uniquement réservé au bal musette ? Grégory Chauchat sait parfaitement mêler les notes de l'accordéon aux sonorités d'autres styles musicaux comme le rock ou jazz. Cet accordéoniste professionnel basé à Lyon couvre de nombreux événements, petits ou grands. Il jongle entre prestations en solo, trio ou quartet lors de mariages et concerts aux côtés du groupe Wazoo devant une foule en délire. Découvrons ce musicien complet et bourré de talent.

Grégory Chauchat

Voici les questions posées à Grégory, l'homme orchestre

Depuis quand joues-tu de l’accordéon ?

J'ai commencé l'accordéon tout jeune, à 8 ans dans l'école de musique de ma ville natale en Auvergne. Là-bas, l'apprentissage de l'accordéon est assez courant car il subsiste un patrimoine de musique traditionnelle. Certains apprennent une nouvelle langue vivante; en Auvergne, on apprend l’accordéon !

Quelles sont tes inspirations musicales ?

​Il est toujours délicat de résumer ses inspirations. Jeune, j'ai beaucoup écouté de musique où l'accordéon était mis en avant, en soliste. Je suis tombé sur des disques de musette, de swing manouche puis de jazz. Ce qui m'intéresse désormais, c'est plutôt la présence de mon instrument là où on ne l'attend pas.

J'entends très souvent "l'accordéon, ça revient non ?". Ce qu'il faut comprendre c'est que le temps de l'accordéon, puissant et leader au milieu d'un orchestre, est désormais loin derrière nous. Même s'il y a de très bonnes choses dans le patrimoine français de l'instrument, il a désormais une nouvelle place à trouver. Il faut faire avancer son image.

Le classique ou le jazz m'intéressent pour mon écoute personnelle. Pour trouver un public, il faut rendre la musique plus accessible dans son esthétique. Le mélange avec des sonorités actuelles, plus électronique me semble inspirant.

Quelle est la plus grande difficulté pour toi en tant que musicien professionnel ?

​Le métier de musicien évolue sans cesse. Aujourd'hui, n'importe qui peut faire une musique de qualité et la partager avec le monde entier, sans sortir de sa chambre. Avant, on vendait des albums pour gagner de l’argent. Aujourd’hui, on les offre gratuitement en quête de visibilité. C’est un sentiment assez rude mais on ne peut pas nager à contre-courant.

Quand on veut vivre de sa musique, c'est tout un ​écosystème à créer autour de soi. Il faut développer des compétences dans de nombreux domaines qui n'ont rien à avoir avec la musique. J’ai travaillé dans l’industrie avant de vivre pleinement de la musique. Cela m’a permis de développer de nombreuses compétences qui me sont très utiles aujourd’hui. Je dirais que mon quotidien est celui d’un entrepreneur. On doit passer de la communication à la comptabilité, au web, à la stratégie… tout cela pour concrétiser un concert, sur scène. C’est un métier très libéral quand on prend du recul. La difficulté réside dans l’équilibre parmi tout ce travail. Faire de la musique, forcément, mais la vendre, également.

Tu joues dans plusieurs formations dont le groupe Accordé Swing de Jazz manouche, peux-tu nous en dire plus ?

Je suis professionnel depuis une dizaine d’années. J’ai joué dans pas mal de groupes, dans des styles différents. Aujourd’hui je trouve un équilibre avec une petite poignée de groupes et spectacles. Cela me permet de ne pas me noyer dans trop de choses et de garder une diversité qui me nourrit musicalement.

Accordé Swing, c’est la formation où je fais le lien entre tradition et modernité. On joue ainsi à 2, 3 ou 4 musiciens selon les occasions. Le style se situe entre un jazz à la française, le jazz manouche et une touche de musique actuelle. Ce groupe évolue en permanence au fil des collaborations, des rencontres, des envies. Je gère absolument tout afin de garder la main sur là où je veux aller. Je suis heureux de m’entourer de musiciens talentueux qui jouent dans le monde entier. C’est preuve d’une certaine confiance envers moi. C’est flatteur.

C'est Magnifique (Cole Porter), Groupe de Jazz Manouche, Lyon

Raconte-nous ton expérience lors des concerts de Wazoo rassemblant plusieurs milliers de personnes.

Wazoo est un groupe que j’ai écouté quand j’étais adolescent. Le groupe a vendu plus de 500 000 albums (physiques) et a reçu 2 disques d’or. C’est une musique qui me ramène à mes origines du terroir. Une musique rurale en comparaison avec la musique urbaine. On a la chance de toucher un large public et d’avoir des jauges de plusieurs milliers de personnes en concert.

Une des plus grandes dates était pour l’ouverture des férias de Dax avec
12 000 personnes habillés en blanc et rouge et bien décidées à faire la fête. Il y a eu aussi un concert face à 18 000 personnes dans un village de l’Allier où il n’y a que 900 habitants le reste du temps ! C’est toujours impressionnant mais honnêtement, entre 1000 et 10000 personnes, c’est à peu près la même chose pour moi. C’est plus l’énergie du public qui compte. On ne reçoit pas plus de sous-vêtements féminins sur scène que sur les très grosses scènes.

La période difficile de la pandémie a-t-elle été source d'inspiration ou de renouveau ?

Sans prétention, j’ai vu cette période comme une opportunité sur plusieurs points. Tout d’abord une prise de recul sur mon activité et de la vie en général. J’ai pris le temps de repenser certaines choses, d’en peaufiner d’autres. Il faut avouer qu’en France, la culture a été bien soutenue et qu’on a pu passer cette période sans trop angoisser. Beaucoup de collègues musiciens n’ont pas réussi à rester actif sans le live. C’est dommage. Pour ma part, j’ai pu continuer à avancer dans ma démarche artistique, à me projeter.

Sous le Ciel de Paris - Grégory Chauchat - Solo Accordéon

Si tu devais choisir parmi tes meilleurs souvenirs de prestation/concert, lequel choisirais-tu et pourquoi ?

Une belle récompense a été un concert à la Villa Medici à Rome. Mon groupe d’Electro Rock Combo Charlie a été invité comme révélation française sur ce magnifique festival. Un cadre idyllique et une scène partagée avec Keziah Jones, The Avener et Ofenbach. Gros moment et bel accomplissement.

Tes projets à l’avenir ?

Aujourd’hui, je peux dire que j’ai joué avec pas mal de groupes, je suis beaucoup parti en tournée. J’ai désormais envie de quelque chose de plus minimaliste. Comme j’en parlé plus tôt, une envie d’apporter un nouveau regard sur ma musique et sur l’accordéon. Je travaille sur un mélange avec des rythmiques actuelles et des sons d’accordéons modifiés grâce à des effets de guitare. Je cherche davantage à toucher un public lors d’événements de petite ou moyenne taille. Les tournées, les grosses scènes et les après-concerts, c’est sport sur le long terme !