La crise du coronavirus a impacté considérablement la culture et les festivals de musique ont été les premiers à en pâtir. A la suite de l’allocution d’Emmanuel Macron le 11 mai dernier, de nombreux festivals ont dû annuler leur édition 2020 au grand damne des 7,5 millions de français, soit 1 français sur 9, qui s’étaient dandinés dans les parcs et plaines en 2019. Certains organisateurs se sont montrés très novateurs et ont suggéré de nouveaux formats à l'ère du COVID et du numérique.
We Love Green 2020 qui a eu lieu du 03 au 07 juin
We Love Green
Incontournable rendez-vous musical parisien, We Love Green a ouvert le bal avec son festival We Love Green TV (du 3 au 7 juin dernier) entièrement revu pour se dérouler 100% online.
Avec une plateforme interactive sur internet, les i-Festivaliers pouvaient explorer la version numérique du festival et choisir les lieux qu’ils souhaitaient visiter en fonction de leurs goûts et moods : danser chez Greenroom, découvrir les talents de demain sur la scène Riffx – Crédit Mutuel, vibrer devant les performances des artistes phares de la programmation... Les festivaliers pouvaient également assister en ligne aux Think Thank organisés et pouvaient se faire livrer des plats des six chefs parisiens fidèles au festival grâce à un système de livraison mis en place expressément.
Les artistes initialement à la programmation du festival écoresponsable avaient enregistré à l’occasion des prestations captées en amont (dans le bois de Vincennes ou chez les artistes directement), diffusées sur le site de We Love Green TV. On peut encore les visionner et notamment voir Catherine Ringer chanter les Rita Mitsouko, Lous and The Yakuza, Crystal Murray mais aussi écouter le set de DJ Rone via notamment la radio France Inter.
Cette édition digitale a été saluée par les 7 millions de spectateurs au rendez-vous et les professionnels de l’industrie.
Il va sans dire que We Love Green, qui fêtera son 10ème anniversaire en 2021, a introduit les festivals français à des nouveaux formats et business model, ceux de l’expérience virtuelle et la multi-modalité.
Hellfest & Download Festival: côté rock
Dans un autre style, le géant métalleux Hellfest a également choisi la voie du numérique afin de consoler ses festivaliers rockers avec le « Hellfest from Home » (du 18 au 21 juin dernier) une expérience 100% virtuelle en partenariat avec ARTE Concert. Au programme : un concert à suivre en direct, un documentaire inédit sur le festival et la diffusion de 45 concerts issus des précédentes éditions du Hellfest.
Chez nos voisins britanniques, le célèbre évènement rock Download Festival (12-14 juin 2020) a aussi proposé à ses festivaliers un événement online avec plusieurs contenus exclusifs : des performances d’artistes phares, d’autres inédites jamais diffusées encore, des interviews d’artistes programmés (Iron Maiden, KISS, System Of A Down, Babymetal, Korn, Black Veil Brides…), etc. Tous ces contenus ont été relayés sur les réseaux sociaux du festival ainsi que sur sa chaîne Youtube.
Tomorrowland Around the World
Enfin, le géant de l’électro Tomorrowland (du 25 au 26 juillet 2020) a proposé à ses festivaliers de vivre une nouvelle expérience digitale : Tomorrowland Around The World.
Décrit comme « une expérience exceptionnelle en 3D réunissant les meilleures technologies mondiales en matière de gaming, de conception 3D, de production vidéo et d'effets spéciaux », le festival belge a réuni 8 scènes différentes avec un line-up d’une soixantaine d’artistes réputés sur la scène électro, ainsi que des expériences interactives – webinaires, jeux, ateliers… et le tout dans un univers en 3D, avant-gardiste et magique comme à l’habitude du festival. C'est plus d'un million de spectateurs qui ont pu goûter aux plaisirs du Tomorrowland sous format numérique mais qui ont aussi déboursé plus de 12 euros au minimum pour accéder à l'expérience.
A noter : tous les lives ont été enregistrés dans des studios à travers le monde et certains comme Katy Perry, sont allés jusqu'à l'enregistrement d'un concert en studio.
L'intérêt derrière tout ça
Ce format permet d’éviter l’annulation complète des festivals, dans lesquels des nombreux frais sont engagés et ne peuvent être prévenus.
Il s’agit également de faire perdurer une tradition, les festivals de musique faisant aujourd’hui partie intégrante de la vie culturelle des territoires. Chaque année, ces rendez-vous sont attendus de pied ferme et il est très surprenant de se faire à l’idée que cet été ne sera pas aussi festif et musical que d’habitude.
Enfin, la digitalisation de ces évènements permet une certaine démocratisation en les rendant accessibles à tous par le biais d’internet. D'un point de vue marketing, il s’agit de fidéliser les spectateurs et d’en attirer de nouveaux en espérant les retrouver l’année prochaine lors des éditions physiques des festivals.
Merci à Emma, rédactrice du webzine indépendant Dust of Music pour son analyse.
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