Le réalisateur Nicky Pajkić (25 ans) a voyagé partout dans le monde et réalise les plus grands aftermovies. Il travaillait pour Final Kid, une agence de production audiovisuelle reconnnue pour collaborer avec l'Ultra Music Festival, David Guetta ou Tiësto. Nicky nous a raconté son expérience, nous parle de ce que ça fait de travailler pour de grands festivals, et de l'importance des aftermovies. C'est par ici!
Comment as-tu commencé à réaliser des aftermovies?
'J'ai vu ceux de l'Ultra Music Festival réalisés par Final Kid et ça m'a vraiment donné envie. Jusqu'à ce moment là je ne savais pas que c'était possible de capturer autant d'émotions dans un festival et de les transmettre au monde entier. Ce qui me plait, c'est ce que les gens ressentent quand ils regardent les vidéos, c'est ce sentiment là que je veux procurer aux gens.'
Nicky Pajkić à l'Ultra Miami en 2018, photo : Mehmet Cakmak ©
Tu as fait des études en audiovisuel à Hilversum. Qu'en as-tu pensé?
'C'est un bon tremplin. Au début, je faisais ça en hobby, mais j'ai vite eu un cadre plus académique, et j'ai beaucoup appris sur l'aspect professionnel de l'audiovisuel. Concrètement, cette formation m'a donné une base solide, avec les tutoriels et surtout la pratique sur le terrain. J'ai eu deux ans ensuite pour enchainer les stages et j'ai beaucoup appris, ça m'a vraiment aidé.'
Comment es-tu arrivé chez Final Kid?
'J'avais déjà un début de portfolio, même si ce n'était pas grand chose. Je m'inspirais beaucoup des films de Final Kid et c'était un peu mon objectif. Quand j'étais en stage chez Sugar Films, il s'avère que mon maitre de stage connaissait le fondateur de Final Kid, Charly Friedrichs. Il m'a donné ses coordonnées et je l'ai contacté. J'ai eu un entretien et j'ai eu la chance d'intégrer Final Kid pour un stage. Six mois plus tard, j'ai été embauché!'
A quoi ressemblent tes journées quand tu travailles sur une grosse production comme l'Ultra Music Festival?
'Ça dépend. il y a différentes étapes : la pré-production, la production et la post-production. Il faut préparer pas mal de choses en amont. Quel genre de film tu vas réaliser? Qu'est-ce que tu peux réaliser avec le temps et le budget que tu as? Une fois que tu as ça, tu peux penser à ce que tu fais vraiment faire, puis tu voyages là où tu trouveras les plus belles images. Ça rend le boulot vraiment spécial.'
Aftermovie Ultra Miami 2019Donc tes journées ne se ressemblent pas?
'Ça dépend.. Pendant la pré-production, tu passes pas mal de temps à écrire des concepts, mais en réalité un jour normal chez Final Kid c'est surtout du montage, on y passe beaucoup de temps et c'est ça qui rend les productions spéciales. J'ai beaucoup appris chez Final Kid grâce à ça.'
'Pendant la production, on filme, et les journées sont plutôt longues. Tu n'as pas beaucoup de temps sur place donc il faut en profiter au maximum, tu te lèves tôt et tu finis tard. Une fois que tu rentres aux Pays-Bas, c'est fini donc ce que tu tournes sur place toi être réussi.'
Penses-tu que les aftermovies soient indispensables pour les festivals ou les artistes?
'Non, je ne pense pas, les aftermovies c'est assez récent en fait, ça a commencé en 2010. Ils n'ont jamais été indispensables, pas plus que les photographes de festivals en fait. Je pense que les aftermovies font partie d'un package de marketing, comme les festivaliers attendent les photos après un événement, ils veulent aussi un film. Certains festivals font des films assez simples, mais pour d'autres c'est vriament des gros projets.'
Penses-tu que les festivals ou les artistes aient besoin de bons aftermovies aujourd'hui pour leur image?
'En soi, non je ne pense pas, mais c'est clair que ça peut faire une sacrée différence pour se démarquer. Un aftermovie, ça peut donner une super image de la soirée, de l'événement : c'est un super outil marketing. La collaboration entre Final Kid et l'Ultra Music Festival est un bon exemple. Ultra est une des plus grosses marques sur le marché des festivals aujourd'hui, et je pense que c'est en partie grâce aux aftermovies: ils ont été les premiers à faire un film qui se rapproche vraiment d'un projet cinématographique. Ça a généré pas mal de vues et une vraie image de marque. Je pense que ça a vraiment permis au festival de grossir. Certains organisateurs sous-estiment vraiment l'importance des aftermovies et leur influence sur les ventes des prochaines éditions.'
Tu devais partir en Inde, mais le voyage a été annulé à cause du COVID-19. Est-ce que la situation impacte ton activité?
'Bien sûr. Je suis très présent dans le secteur de l'événementiel, je fais des films pour des événements ou des artistes. Mon travail, c'est d'aller là où les gens se rassemblent, et on ne peut plus le faire pour l'instant. Pas mal de projets ont été annulés depuis le début de la crise, mais je ne m'inquiète pas encore pour ma situation prsonnelle.'
Tiësto Northern Lights Tour 2018Tu as aussi travaillé plusieurs fois avec Tiësto a few times. Peux-tu nous raconter?
'La première fois, c'était 2016, le management de Tiësto a contacté Final Kid parce qu'ils voulaient une vidéo de la tournée. C'était un gros challenge parce que ça ne ne faisait pas longtemps que j'étais chez Final Kid. Travailler avec un des plus grands DJs des Pays-Bas, c'était l'opportunité de montrer ce que je savais faire. Heureusement, ça s'est bien passé! Ils ont été contents du film et après ça, on les accompagnés plus souvent sur les tournées.'
De quels aftermovies es-tu particulièrement fier?
'La dernière vidéo de Northern Lights pour Tiësto, clairement, même si je n'appellerais pas vraiment ça un aftermovie. C'est plutôt un mini documentaire ou un film de tournée. La plupart de mes aftermobies se réalisent avec une équipe de deux à vingt-cinq personnes. La vidéo Northern Lights, je l'ai faite tout seul. J'ai aussi dirigé l'Ultra Miami 2019 et Corée 2017 pour Final Kid et c'était des productions pour lesquelles j'ai vraiment sué, et j'en suis plutôt fier. Pour ces projets là, j'ai vraiment repoussé mes limites et j'ai testé mes capacités, quand je regarde le résultat, j'en suis fier.'
Qu'est-ce qu'il y a d'unique dans tes aftermovies?
'Parfois la deadline d'un client tombe entre une semaine et trois jours après un festival. Chez Final Kid, on a de la chose parce qu'on a généralement pas mal de temps pour le montage. Je pense que le plus important c'est l'expérience dans le film : il faut pouvoir revivre le festival ou le spectacle pendant qu'on regarde la vidéo, c'est ça le but. Quand je travaille sur l'aftermovie d'un festival, je veux que le spectateur ressente la même chose que les festivaliers sur place, ça ne suffit pas de faire un récapitulatif! Je pense que le meilleur moyen de réussir un aftermovie, c'est de raconter une histoire.'
Cette année, tu as créé ta propre entreprise : Pajkić Films. Quels sont tes projets?
'J'ai beaucoup appris pendant cinq ans chez Final Kid, j'ai beaucoup monté, beaucoup filmé et dirigé des projets géniaux, je n'aurais jamais pu le faire sans eux. C'est fou d'avoir 22 ans et de diriger une production à l'autre bout du monde ! Je leur en suis vraiment reconnaissant. Récemment, j'ai démissionné de chez Final Kid pour continuer en freelance. J'aimerais me concerter sur des documentaires ou peut-être même sur des films commerciaux. Je commence à avoir pas mal d'options maintenant. Le lien avec la musique est toujours important, mais je peux raconter plus d'histoires dans mes films. J'aimerais pouvoir avoir ma signature maintenant'
Tu as une idée sur le futur des aftermovies?
'Je pense que ça va être de plus en plus difficile d'impressionner un public. Le principe devient de plus en plus commercial, et c'est normal quand on voit l'impact du marketing sur les gens qui fréquentent les festivals.'
Tu as un conseil à donner aux gens qui voudraient faire comme toi?
'Dans ce boulot, on ne fait pas des horaires de bureau. Il faut être prêt à y consacrer beaucoup de temps, de l'argent, et se discipliner au maximum pour avancer. Il faut vraiment être motivé pour commencer.'
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