Rencontrez Tudyka, ses influences et son photographe

De L'équipe Gigstarter

Tudyka, c’est d’abord un groupe. La chanteuse, Caroline, et son photographe Bruno Aussillou nous ont ouvert la porte de leur univers, quelque part entre la France et l’Allemagne.

Qui est Tudyka ?

Tudyka, d’abord c’est moi : chanteuse, auteur, compositeur interprète. Il y a des musiciens, surtout le batteur, John Shamir, qui est aussi le réalisateur du premier disque, et du deuxième sur lequel on travaille. On a aussi un guitariste, Fabien Morne et on a rencontré un super claviériste, qui est vietnamien d’origine et qui sera sur le deuxième album.

Comment ça a commencé ?

Ça a commencé il y a très longtemps. On a fait les choses à l’envers : on a commencé par enregistrer le disque. Il est très électro fourni, et on s’est dit qu’on devait le jouer sur scène en version allégée parce qu’on savait qu’on n’arriverait pas à être fidèle au disque sur scène. Donc on a vraiment allégé la chose et on a fait un trio : piano, le batteur qui a une batterie hydride, et un guitariste électrique. On a trouvé le son très rock, sans être hard rock pour autant. En fait, ça groove quoi. Et on a des chansons en 3 langues, c’est aussi de la poésie, j’ai mis en musique du Nietzsche et du Else Lasker-Schüler.
Le deuxième album, ça sera surtout des textes à moi mais ils seront aussi en 3 langues.

J’ai quand même commencé toute seule… l’histoire c’est que le samedi soir je voyais mes copines, dont une qui est philosophe et je lui citais souvent du Nietzsche en allemand. C’est elle qui m’a dit de mettre une musique dessus.
Je n’avais jamais fait de MAO et j’ai appris au fur et à mesure. Puis bon j’ai eu 3-4 morceaux comme ça, on venait de se rencontrer avec Bruno et c’est lui qui m’a conseillé de chercher des musiciens.
Au bout de 2 ans on a changé d’équipe et j’ai rencontré mes musiciens d’aujourd'hui. Là, depuis 2016 on joue ensemble.

Ta musique c’est beaucoup de philo, pas mal de poèmes…

Mais ce n’est pas intellectuel, c’est suave, sensuel… Nietzsche, c’est des poèmes aussi. C’est profond, c’est beau, c’est sur l’amour, le désir, l’éternité… C’est plutôt le concept, j’aime la poésie et j’y tiens... J’ai aussi la poétesse Else Lasker-Schüler, j’ai fait mon Master dessus à la fac. Parfois je joue avec une société qui travaille sur l’immigration des juifs en Amérique du Sud et on jouera pour des conférences.

Est-ce que tu pourrais choisir entre la France et l’Allemagne ?

La France.
Bruno : En fait, il y a plusieurs de ses influences qui viennent de son arrivée en France. Par exemple, elle ne connaissait pas Gainsbourg et ça l’a marquée. La chanson française ce n'est pas ce qu'elle préfère, enfin les chanteurs d'aujourd'hui parce qu’elle est très anglo-saxonne dans son état d’esprit. Par contre, il y a 2 chanteurs qui l’influencent beaucoup : Gaisbourg et Arthur H.

Arthur H & Feist - La Chanson de Satie

Et Bruno, quand as-tu rencontré Tudyka ?

Je l’ai rencontrée en 2007. Ça faisait longtemps qu’elle était en France.
Tudyka : Oui, en fait j’ai fini l’école ici, d’abord une école de musique puis la fac. En fait ça fait plus longtemps que je suis en France qu’en Allemagne. J’aime beaucoup la France.
Bruno : En fait quand on s’est connus, c’est là où elle a eu envie de jouer avec des musiciens. Elle n’avait pas en tête de rejouer au début. Elle était dans la création mais pas dans l’interprétation.

Tu parlais du côté anglo-saxon de Tudyka. Tu le ressens dans ton travail avec elle ?

Oui. Ses références sont anglo- saxonnes, même en termes d’image. Elle n’est pas française donc n’a pas le coté culturellement francophone. Typiquement elle n’aime pas la nouvelle génération de chanteurs français.
Tudyka : c’est vrai, il y a des chansons que j’aime bien mais je n’irais pas les voir en concert. Mais Gainsbourg ou Arthur H c’est différent. Il y a de la vraie musique là-dessus.
Bruno : et Gainsbourg c’est hyper inspiré du jazz et du classique…
Tudyka : et tout le monde connait Gainsbourg ! Et puis il y a des rappeurs que j’aime bien, j’aime beaucoup Nekfeu !
Et je crois qu’on aime la musique avec laquelle on grandit… Et j’adore ce morceau qu’il a fait avec Ed Sheeran, parce qu’à un moment ça part en anglais et ça groove vachement.
En fait moi c’est ça : il faut que ça groove.

Mais c’est un peu paradoxal non ?

Bah c’est-à-dire que dans mes chansons il y a de la musique, c’est une recherche musicale tu vois ! Les textes sont importants, il faut que ce soit bien écrit.
Bruno : C'est-à-dire que dans la chanson française, c’est le texte avant la musique. Mais elle, c’est les deux en même temps.
Tudyka : c’est vrai que c’est radical de dire que je n’aime pas les chansons à texte, mais j’aime bien que la musique soit importante aussi tu vois. Ça me manque souvent ici, la musicalité. Mais j’ai un copain qui fait de la chanson à la guitare. Ses textes sont à tomber en revanche !
Bruno : Tu aimes bien Arthur H, mais tu n’aimes pas Higelin…

Et qu’est-ce que tu penses de -M- ?

Tudyka : J’aime la métamorphose qu’il a faite, je trouve ça vraiment chouette. Puis il y sa grand-mère, une poétesse hors norme… C’est une belle famille.
Bruno : et son père, ce qu’il a fait quand -M- n’était pas connu. C’est quelque chose de génération.
Tudyka : Mais tu vois par exemple Nougaro j’adore et puis c’était un des meilleurs concerts de ma vie. C’était au Parc Floral, six mois avant sa mort. Et puis le mec en fait, il s’est assis sur scène, et il parle au public comme ça. C’était d’une simplicité… et il n’y avait que des jeunes musiciens derrière, c’était absolument génial.

martyrials Tudyka par Bruno Aussillou

En parlant de concerts, comment s’est passé le confinement pour toi ?

On a fait beaucoup de livestreams. J’en faisais tous les dimanches et ça s’est bien passé. C’est un bon moyen de rester à l’affut, avec un public. Et c’est marrant parce qu’au début j’avais le trac en fait. Je passais du temps à me préparer, à préparer mon salon et vraiment j’avais le trac. Ce qui est bizarre c’est que tu n’as rien quand tu joues. Puis au dernier on l’a fait avec mon batteur, il a trouvé ça marrant aussi. On fait des concerts à domicile maintenant.

Et là si tu pouvais faire un concert n’importe où en Europe, quelle salle choisirais-tu ?

L’Olympia. Mais c’est tellement cher… Ou alors le Mogador, mais il y a moins de concerts…

M - Superchérie

Peux-tu me parler de ton auteur préféré ?

Mon auteur préféré français par exemple c’est Marcel Proust. C’est juste beau, il y a l’esthétique dans l’écriture : c’est rythmé, c’est musical… c’est magnifique. Et c’est profond. Tu vois, quand tu as eu un chagrin d’amour et que tu prends Un Amour de Swann, le mec souffre, tu l’as vécu aussi et tu te retrouves dans les détails de ce qu’il écrit, c’est énorme. Et ça m’inspire.

Comment ça se passe quand tu écris, quand tu composes ?

Alors souvent je suis au piano, j’improvise et je trouve une partie qui me plait. Je la développe et ça suit un peu tout seul. Souvent je trouve le texte en même temps. Parfois je laisse mariner, ça ne me plait plus et je change tout ou je ne continue pas… Quand j’ai tout, tu ressens une espèce d’extase, tu es dans le flow et tu sais qu’on y touche plus. Puis c’est encore bébé alors tu n’oses pas trop le montrer à des gens, il faut attendre un peu…

Et quand vous travaillez sur les photos, comment ça se passe ?

On parle des textes, de la musique, de l’ambiance… Par exemple, le deuxième album va s’appeler Talisman et j’ai vu la couleur bleue. J’avais envie que ce soit bleu dans l’ambiance, dans l’idée, dans le ressenti. Alors on a fait une séance, j’ai ramené plein de fringues, on a fait des essais et puis on ira au Jardin des Plantes avec des modèles de Bruno.
Bruno : j’aime bien que mon travail personnel se rapproche de ce que je fais avec Tudyka.
Tudyka : je trouve que Bruno a capté l’expression de ma musique et de moi. C’est comme Patty Smith avec Robert Mapplethorpe. Je trouve que sans Bruno c’est moins poétique.

On te voit un peu aussi internationale que Gigstarter. Que penses-tu de la plateforme ?

J’aime bien la plateforme. Elle est bien faite, on peut mettre pas mal de choses et des paramètres pour le cachet et tout. On peut négocier, discuter. Par exemple on a joué au Théâtre de la Ville sur l’île Saint Denis, on a eu un petit budget et j’ai pu donner quelque chose à Bruno et aux musiciens. Moi je suis sortie avec zéro mais pas en négatif, et c’est déjà énorme pour les concerts comme ça !

Quels sont tes projets futurs ?

Alors là, on a des livestreams, des concerts à domicile. Puis on commencera l’enregistrement de l’album en octobre, on enregistrera tout ça dans le studio "The Unreal World" de Vincent Marie Bouvot en Bretagne. Puis je vais faire un clip avec une danseuse parce que j’aime la danse et j’ai demandé à une amie si elle pouvait danser sur un de mes morceaux. Je fais mes clips moi-même, j’adore ça. Je vais la filmer, faire une histoire avec le texte et ça s’y prêtera bien. Notre projet avec une amie peintre, elle va faire des tableaux sur mes textes et on fera une expo avec un concert en même temps. En fait pour moi le Covid ça a été super inspirant et créatif !

Tudyka - Oh Mensch Gib Acht !

Vous pouvez retrouver Tudyka sur ses réseaux sociaux et sur son profil Gigstarter aisni que les photos de Bruno sur son site Internet

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